Vulgairement, lorsque l’on entend parler du sevrage du chat, on entend dire que celui-ci est complet aux deux mois du chaton. Il s’agit de la croyance qui était majoritairement véhiculée un peu partout, il y a encore quelques années. Autant auprès des éleveurs, que dans le monde associatif félin, ainsi que par les différents professionnels du domaine. D’ailleurs, la loi française n’aide pas à déconstruire cette idée, puisqu’aujourd’hui, on considère qu’un chaton peut être cédé / vendu de manière légale, au moment de ses deux mois.

Lorsque l’on parle du sevrage, on pense spontanément au moment où le chat cesse de téter sa mère et commence à manger de la nourriture solide. C’est ce que l’on appelle le sevrage alimentaire. Il commence généralement autour de la quatrième semaine de vie du chaton. Vers un mois, le chaton va tout doucement commencer à manger de la nourriture solide, tout en continuant de téter sa mère encore un certain temps.

C’est autour de huit semaines que le rythme et la fréquence des tétées vont commencer à diminuer, jusqu’à ce que le chaton ne mange plus que de la nourriture solide uniquement. C’est pour cette raison qu’on entend souvent dire que le sevrage alimentaire du chaton est globalement complet autour du deuxième mois. Pourtant, bien souvent, à deux mois, il arrive encore que les chatons tètent leur mère, de temps en temps. Pour autant, la plupart de leur alimentation passe par la distribution de croquettes ou bien de pâtée.

Mais le sevrage du chaton, ce n’est pas uniquement ça !

Au-delà du sevrage alimentaire, il faut aussi prendre en compte le sevrage affectif, émotionnel et éducatif. Cette dimension-là est bien souvent mise de côté, malheureusement. Ce sevrage-là commence généralement à se mettre en place autour du deuxième mois du chaton et s’étend jusqu’au troisième mois, voir parfois jusqu’au quatrième mois. 

C’est pendant toute cette période que se mettent en place de nombreux processus. Pendant ce laps de temps, le chaton, qui grandit auprès de sa mère et de sa fratrie va acquérir les codes sociaux de son espèce. C’est ce qui lui permettra de pouvoir correctement communiquer et entrer en interaction avec ses congénères. Cet apprentissage lui permet également d’acquérir ce que l’on appelle les autocontrôles.

De la même manière, c’est pendant cette période que le chaton va apprendre à gérer ses émotions par lui-même. Il va découvrir tout un tas de stimulations différentes, il va faire ses premières expériences en tant qu’individu, et ce qui va, petit à petit, lui permettre de faire évoluer sa capacité à s’adapter a telle ou telle situation.

Enfin, c’est aussi pendant ce laps de temps que le processus de familiarisation, et notamment la familiarisation à l’espèce humaine va se mettre en place. Au fur et à mesure de ses expériences, le chaton va commencer à s’habituer et à considérer l’espèce humaine comme étant une espèce amicale. C’est par ce processus que débutent généralement les relations entres les chatons et les humains, pendant les premiers mois de vie. 

Tous ces apprentissages ne pourront être complets et correctement effectués que si le chaton reste auprès de sa mère et de sa fratrie pendant toute cette période. C’est quelque chose de complétement essentiel pour lui, pour lui permettre de correctement se développer, non pas au niveau physique, mais sur le plan comportemental.

Et le sevrage précoce dans tout ça ?

Vous imaginez bien qu’un chaton quittant sa mère et sa fratrie à deux mois, ou même avant, ne pourra terminer de se développer dans de bonnes conditions. Naturellement, dans son développement, le chaton passe par une phase d’indépendance. Il s’agit en fait de la période à partir de laquelle la mère va commencer à repousser naturellement son chaton. C’est quelque chose qui intervient entre le 3ème et le 5ème mois, en fonction des individus et en fonction du contexte de vie. Par définition, tout chaton quittant sa mère avant cette période de détachement naturel sera considéré comme ayant été sevré de manière précoce.

Alors évidemment, c’est le cas pour de très nombreux chats, même pour la majorité de nos chats, qui effectivement, n’ont pas bénéficié de ce détachement naturel. Mais ce que l’on va surtout considérer comme étant un sevrage précoce concerne tous les chatons qui quittent leur mère et / ou leur fratrie avant ou bien pendant leur développement principal.

Ce qu’il faut prendre en compte, c’est que les conséquences de ce sevrage précoce peuvent être vraiment nombreuses. Les chatons sevrés de manière précoce seront des individus avec une gestion émotionnelle et une capacité d’adaptation un peu plus faible que la moyenne. Ce sont également des chatons dont les capacités cognitives pourraient être altérées. Et enfin, chez ces individus, ont remarque un risque plus élevé, ensuite, à l’âge adulte, de produire certains comportements dérangeants et problématiques pour l’humain.

Attention, il ne s’agit que d’une tendance, et cela ne veux pas dire que tous les chatons sevrés de manière précoce seront des individus avec des difficultés. Ce n’est pas forcément le cas heureusement. De la même manière, ce n’est pas parce que votre chaton a été sevré de manière précoce, que c’est forcément une fatalité, bien au contraire. Cela ne veut pas dire que si le chat exprime des difficultés à un moment, ce sera le cas toute sa vie. Si le chaton n’a pas bénéficié d’une bonne familiarisation à l’être humain pendant sa période de développement, cela ne veut pas dire qu’il restera craintif toute sa vie. Si un chat n’a pas une capacité d’adaptation très élevée, cela ne veut pas dire qu’il ne pourra supporter aucun changement dans son quotidien. 

Toutes ces choses se travaillent en entretien de comportement félin. Les professionnels accompagnent et viennent apporter de l’aide, autant au chat qu’à l’humain, pour permettre à ce binôme de mieux se comprendre. Si votre chat ou votre chaton exprime des difficultés dans le quotidien, je vous encourage à vous faire accompagner !