De manière assez courante, on entend souvent dire que le chat est un animal territorial. Mais est-ce vraiment exact ? Que veut vraiment dire la notion de territorialité ? Et est-ce juste de poser cette étiquette sur le chat si facilement et si rapidement ? Pour bien comprendre la nature du chat, et pour pouvoir trancher sur la question, il est essentiel d’avoir quelques notions d’éthologie.
Qu’est ce que le territoire ?
Un territoire se définit scientifiquement par différents critères. Il s’agit d’un lieu ou bien d’une étendue géographique, occupé par un individu ou par un groupe d’individus. Dans ce territoire, on retrouve la notion de propriété et de possession. Le territoire appartient aux individus qui l’occupent. C’est pour cela que le territoire est un lieu que les individus vont protéger et vont défendre en permanence, afin d’exclure tout individu étranger qui voudrait s’y engager. Enfin, le territoire est forcément personnalisé par les individus qui l’occupent, par le biais de marquages divers et variés. C’est ce qui leur permet de pouvoir proclamer ce lieu comme étant « le leur » et de pouvoir établir les limites de ce territoire. Pour qualifier une espèce territoriale, il faut donc qu’elle jouisse de manière exclusive du lieu qu’elle occupe, mais aussi qu’elle le défende et qu’elle le marque de façon permanente. Le territoire sera donc un espace protégé et contrôlé. Il permettra aux individus d’exprimer des comportements naturels comme le repos, l’alimentation, la reproduction ou l’élevage de la progéniture.
Qu’en est-il du chat ?
Aujourd’hui, il existe de nombreuses réflexions et discussions sur la territorialité du chat. Si l’on reprend les trois grands critères qui servent à définir une espèce territoriale (exclusivité, défense permanente et marquage), le chat ne rentre pas tout à fait dans cette définition. Le point qui ne correspond pas est celui de la défense permanente. Oui, le chat peut avoir tendance à défendre son espace pour en exclure les autres individus, mais ce n’est pas quelque chose de systématique et de permanent. Dès lors, quand un individu défend âprement un espace donné, il est qualifié de territorial. Celui qui ne serait pas dans l’exclusion permanente des congénères ne serait donc pas territorial. Mais les scientifiques ne sont pas tous d’accord avec ça. Il n’en reste pas moins que le chat produit des comportements de marquage, et que marquerait-il si ce n’était pas un territoire ? Certains disent que ce marquage peut très bien être l’expression de ses besoins de défendre l’espace occupé. Chez le chat domestique, et même si on a longtemps utilisé l’adjectif « territorial », on préfère maintenant éviter de le qualifier de cette manière, vu la difficulté du monde scientifique à tomber d’accord sur une définition précise. Pour ne pas sous-estimer sa nature, mais pour ne pas non plus le mettre dans une case qui ne lui correspond pas, il sera donc préférable de qualifier le chat comme étant un animal très attaché à son domaine vital, et pour qui l’organisation et la gestion de celui-ci sera primordiale.
Qu’est ce que le domaine vital ?
Le domaine vital correspond à la « surface traversée par l’individu pendant ses activités normales de recherche de nourriture, de reproduction et de soins aux jeunes ». Il s’agit donc de l’ensemble des aires de repos, de chasse, de reproduction, d’élimination, de jeu et d’alimentation. La différence entre le territoire et le domaine vitale se trouve dans le fait que le domaine vital n’est pas un lieu exclusif, et qu’il n’est pas non plus défendu de manière permanente et systématique. Le domaine vital du chat est donc le lieu dans lequel il va évoluer et dans lequel il va trouver toutes les ressources nécessaires pour répondre à ses besoins. C’est aussi un lieu que le chat pourra partager avec d’autres individus et dans lequel il communiquera par la biais de ses marquages visuels, olfactifs, ou bien sonores. Pour autant, ce qu’il faut retenir de cela, c’est que l’organisation et la gestion de ce domaine vital sont deux choses primordiales pour le chat. L’environnement physique est tout à fait primordial pour le chat.
Je pense que vous l’aurez compris, continuer à qualifier le chat d’animal territorial représente un biais scientifique. Pour autant, on peut tout de même se questionner sur la définition même du territoire puisque comme certains scientifiques le disent, il existe une énorme variété de comportements qui peuvent signer la défense d’un territoire, tous n’étant pas répertoriés. Est-ce que cela ne reviendrait pas à exclure certaines espèces de cette définition, alors qu’il s’agit d’espèces pour lesquelles l’environnement physique est pourtant capital ? On sait et constate que le chat marque. Certains y voient de la défense, quand d’autres n’y voient que de la communication. Or, tout ce que le chat exprime est pour lui une manière de communiquer. Un chat qui tenterait de tenir à distance un congénère ne serait-il pas en train de défendre son espace, ou bien d’indiquer que telle ou telle ressource est importante pour lui ?
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